Dans les années 80, Tony Christianson, ingénieur Black Diamond, bricolait assis sur son bureau, d’un air absorbé. Avec son équipe de designers, Christianson essayait quelque chose qu’il n’avait jamais essayé auparavant. L’équipe avait passé des mois à manipuler des coinceurs, ajoutant une pièce ici, modifiant un angle là. Puis, en 1987, l’objectif fut atteint. Christianson concrétisa un brevet pour le Camalot à double axe, une avancée qui devait révolutionner pour toujours le monde de l’escalade en rendant possible une plus large variété de placements pour chaque Camalot.

Sur la base de cette avancée, une équipe soudée d’ingénieurs Black Diamond poursuivit les améliorations et continua de faire évoluer le Camalot. Tout d’abord vint le C4, puis, quelques années plus tard, le C3. La famille des Camalots s’agrandit une nouvelle fois avec le lancement des X4 et X4 Offsets. Cependant, une trentaine d’années après le développement de Christianson, on ne notait toujours aucun changement significatif du poids d’ensemble du Camalot.

**** Sur la base de cette avancée, une équipe soudée d’ingénieurs Black Diamond poursuivit les améliorations et continua de faire évoluer le Camalot. Tout d’abord vint le C4, puis, quelques années plus tard, le C3. La famille des Camalots s’agrandit une nouvelle fois avec le lancement des X4 et X4 Offsets. Cependant, une trentaine d’années après le développement de Christianson, on ne notait toujours aucun changement significatif du poids d’ensemble du Camalot.

La communauté de grimpeurs, et dans une certaine mesure, la communauté outdoor en général, salua avec enthousiasme le succès de Caldwell et d’Honnold. Une page de l’Histoire était écrite. Mais dans les coulisses, l’avancée avait ravivé tout l’intérêt du QG de Black Diamond. L’équipe s’était remise à bricoler, espérant de nouveau rendre possible l’impossible.Et si Caldwell et Honnold avaient pu alléger leur rack? se demandaient-ils.

Pendant des mois, les designers échangèrent des croquis tous azimuts. Une fois de plus, l’équipe chez Black Diamond cherchait à révolutionner le Camalot. “Nous avons littéralement plongé dans la structure du Camalot pour trouver des moyens de diminuer son poids sans lui ôter une seule de ses fonctionnalités,” affirme Pete Gompert, ingénieur Conception.

Le câble en acier situé au centre de chaque Camalot représentait le défi majeur en termes de conception. La très grande résistance à la traction de l’acier implique un ajout de poids, et cette tige en acier augmente considérablement le poids de chaque Camalot. En vue de réduire sensiblement le poids de chaque Camalot, l’équipe d’ingénieurs devait imaginer une façon de remplacer ce composant par quelque chose de beaucoup plus léger.

Des idées fusèrent, de part et d’autre, quelques-unes faillirent se concrétiser, mais rien de concluant. C’est alors que Gompert eut un éclair de génie. En inspectant un élément en Dyneema utilisé dans les sacs à dos légers Black Diamond, il comprit soudain qu’il pouvait concevoir une façon de raccorder le Dyneema en une boucle continue de manière à le rendre suffisamment solide pour remplacer l’acier du Camalot.

Ayant besoin de renfort, Gompert se tourna vers les seules personnes qui connaissent les cordes autant que la communauté de grimpeurs : les marins. Épluchant des manuels techniques et de la documentation sur le nautisme, il commença à élaborer une solution pour obtenir une boucle continue de Dyneema.

Avec l’aide de son équipe, Gompert testa une idée approximativement basée sur la conception d’un piège à doigts chinois. Utilisant cette technique, et après d’innombrables essais, les ingénieurs réussirent à concrétiser l’impossible : une boucle continue de Dyneema. Et finalement, l’acier qui alourdissait le centre du Camalot put être remplacé.

Forte de cette amélioration, l’équipe fonça tête baissée, flairant d’autres possibilités d’allègement du poids. Les bossages de chaque came furent méticuleusement usinés pour pouvoir être ajourés et permettre de diminuer encore le poids tout en conservant l’angle de came classique qui a rendu le C4 célèbre. Puis ce fut au tour des câbles et sangles des Camalots. Aucun élément n’échappa aux designers.

Finalement, vingt-quatre mois après que Gompert et son équipe eurent émis l’idée d’un allègement du Camalot, la mission était accomplie. Comparé à un jeu de C4 classiques, le jeu des tout-nouveaux Camalot Ultralight était 25 % plus léger.

****** L’escalade a vu se développer de nombreuses tendances au fil des années. Extrême difficulté en artif, engouement pour l’escalade sportive, big wall en libre… l’escalade a de beaux jours devant elle. Assis, Caldwell songe à cela en actionnant la tige d’un Ultralight d’un geste machinal. Il se demande à voix haute ce que ces Camalots auraient changé si Honnold et lui avaient eu entre leurs mains deux jeux d’Ultralights lors de leur traversée du Fitz.

“C’est lorsqu’on a commencé à s’équiper vraiment léger que l’enchaînement de grandes chaînes de montagnes et l’ascension de grandes faces en une journée ont été possibles”, explique-t-il à propos du contexte dans lequel est né l’Ultralight. Désormais, que l’objectif soit un nouvel enchaînement dans les Torres, une incursion poussée dans les montagnes de l’Alaska ou un big wall en Terre de Baffin, le matériel s’est considérablement allégé. C’est une avancée qui ouvre la voie à une nouvelle ère de l’escalade.



Words: Shey Kiester
Photography: Jon Glassberg & Josh Uhl
Videography: Louder Than 11 Productions
Production: Advent Integrated