MARDI, 5 OCTOBRE 2021

Dix ans ...

Ça fait déjà 10 ans depuis le podium du Verbier Xtreme. Une 2e place au stop et une 3e place dans le classement général. Et en plus, c'était ma première saison sur le circuit ! 

À 21 ans, j'avais les crocs, quand j'y pense. J'ai parcouru pas mal de chemin depuis. 

Aujourd'hui, je ne suis pas sûr que je me verrai encore un jour avec un bavoir ...

J'ai passé au total deux ans sur le Freeride World Tour, avec une toute première année au top, conclue par une deuxième année complètement ratée. 

Alors, j'étais à l'écart et j'ai dû dire au revoir au FWT.

Pendant longtemps, quitter la tournée a été difficile à encaisser pour moi et ma passion pour le ski avait disparu. Je ne comprenais pas comment j'avais pu tout foirer lors de cette deuxième saison. Toute ma vie tournait autour des courses, et il m'était impossible de m'imaginer sans ça. Sans un titre de champion du monde de freeride.

Heureusement, pas mal d'eau a coulé sous le pont en 10 ans. J'ai appris à gérer mes émotions et mes échecs. Même si je n'ai plus envie de porter un bavoir à 32 ans, j'ai ce goût pour le ski qui est ancré en moi pour toujours.

Mais je vois la montagne différemment. De nouveaux défis sont là pour me stimuler, pour me pousser chaque jour. Je ne peux pas manquer un seul jour de ski et je veux en profiter pleinement.

Avec le recul, tout n’a pas changé. Les pistes sur lesquelles je skiais quand je m’entraînais et faisais la compétition sont toujours là et continuent de me faire rêver. Je les skie encore et encore, mais avec une vision différente. Mon style de ski a évolué au fil des saisons, des années. Je suis plus intéressé par la vitesse que par les lignes techniques. J’adore allonger les courbes.

Le Bec des Rosses a accompagné ma carrière de skieur professionnel, c'est une partie de mon histoire. En compétition, rien ne se compare à cette face. C'est la face mythique du tour, le Saint Graal du circuit ! Une fois que tu as couru sur le Bec, ce souvenir te restera à vie. Et avec un podium en bonus, c'est indescriptible. 

Beaucoup de gens ont oublié cette période et ces résultats, mais pas moi.

Dieses Podium wird mein Leben lang bei mir bleiben und als eine meiner schönsten Erinnerungen, wenn nicht gar die schönste, in Erinnerung bleiben.

L'hiver dernier, je suis revenu skier ce versant après m'être longtemps demandé à quoi ressemblait cette montagne sans bib. J'ai eu la chance d'y concourir deux fois (2e et 6e places au classement), mais je ne l'avais jamais simplement skié. C'était cool de revenir sans les enjeux de la compétition et avec un nouveau style de ski. Pas l'envie de sauter, mais juste de découvrir une nouvelle piste et de skier pour le plaisir. Je suis un skieur différent maintenant. Je ne saute pas parce que je dois sauter. Je saute parce que j'en ai envie.

À la fin de mars de chaque hiver, le Verbier Xtreme marque toujours la fin de la saison des compétitions, mais pas celle de la saison de ski. C'est le moment pour les potes, la famille et les montagnes. Il reste encore le temps de skier sans stress. 

Maintenant, avec de l’expérience et du recul, j’ai appris à prendre le temps pendant la saison pour profiter de journées au ski avec ceux que j’aime. N’attends pas la fin de l’hiver ! Par le passé, j’oubliais cela et j’étais peut-être trop concentré sur les compétitions et l’entraînement. Heureusement, je suis maintenant conscient de cela et je ne veux pas mettre la vraie vie de côté ou me priver. À mon avis, c’est l’un des points clés de la réussite. Il faut trouver un équilibre. 

Quand tu es en compétition, tu as tendance à t'enfermer dans une bulle. Tu portes des œillères et tu ne regardes que ton objectif. Tu vis pour la compétition. Tu skis pour la compétition. Et beaucoup de choses passent au second plan. Il est difficile de distinguer ce qui favorise ta réussite de ce qui la freine. En 2012, la pression m'a rattrapé et m'a rongé... Je ne savais pas comment gérer... Ce fut une grosse claque, un revers. Parfois, l'étole me manque encore, mais skier avec ma famille est désormais une priorité dans ma vie. La compétition, le confort de la gloire, ça ne dure qu'un certain temps... Mais le bonheur que m'apportent mes proches, c'est tout.